Le passé ne revient pas. Il s'abat.

« Le passé ne revient pas, il s'abat.  »
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RP libre (?)ft. Remarkably
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Le chaman avançait d’un pas serein au cœur de l’île Ouest. Il affectionnait beaucoup cette île, qui l’avait vu naître et grandir. Il avait rendu visite à la harde, avait salué des anciens qu’il connaissait et avait ensuite repris sa marche. Il ne faisait que ça depuis quelques temps, il n’avait aucune envie de rester au même endroit plus de quelques jours et avait déjà parcouru l’île Mère et l’île Sud sur toute leur longueur.

Les crins du gris voletaient autours de lui, puisque le vent de l’île Ouest venait de se lever. Le bijou qu’il portait sur l’oreille gauche tintait et le Chaman sentait les plumes qui y étaient accrochées se plier dans le sens du vent. La journée qui s’annonçait semblait plutôt agréable et Zheön s’ébroua de contentement. Dans la plaine, il s’élança au grand galop, profitant pendant quelques instants du vent qui semblait jouer avec le gris. S’il avait été plus jeune, il se serait amusé à ouvrir des voies pour se rendre d’un point à l’autre de l’Archipel, mais Orpheus lui avait appris à ne pas en abuser. L’ibérique se contentait donc de galoper avec le vent, et la sensation d’ivresse et de liberté qu’il ressentait lui suffisait amplement.

Enfin, lassé de courir, l’étalon était repassé au trot, puis au pas. Pendant que le soleil se plaçait à son Zénith dans le ciel, le Chaman se réfugiait à l’abris d’un vieux chêne à côté du quel coulait une source et où l’herbe était tendre et verte. Il prit alors la décision de passer la journée ici, sous cet arbre, pour somnoler à son aise sous le doux soleil d’automne.


Quand le Chaman sortit de sa torpeur, la nuit commençait à se lever. L’étalon bailla, fit deux pas et secoua la tête. Qu’allait-il faire maintenant ? Il n’avait plus rien à voir sur l’île Ouest, il n’avait qu’à se rendre sur un autre morceau de terre. Peut-être l’Est maintenant. Mais quelque chose l’empêchait de partir. Il ne voulait, ni ne devait s’en aller. La question restait : quoi ? Pourquoi ? Laissant ses pas le guider, il se rendit jusqu’à la forêt de l’île, et attendit.

Au bout de quelques temps, une jument appaloosa passa en trottant devant lui. Il sent la peur qui est accroché à son odeur, il voit sa hâte et immédiatement, s’en étonne. Cependant, elle s’enfuit avant qu’il ne puisse faire quoi que ce soit. Mitigé, il hésite quelques minutes, mais ne pouvant se résigner à laisser un équidé dans cet état, se lance à la recherche de la jument.
Une odeur commence à le déranger alors qu’il s’enfonce dans les bois, étouffant le bruit de ses pas en marchant sur la mousse. Il met du temps à identifier l’odeur, car elle est ténue et le vent ne souffle pas dans le bon sens. Au milieu des senteurs portées par l’entité, un mélange de chevaux de la Harde, d’herbe et d’eau salée, il finit par percevoir celle d’un prédateur. Reconnaissant le puma, il entend en même temps un craquement dans le bois, suivit du bruit d’un corps qui chute. Le gris prend alors le galop, un galop de charge, et redouble l’allure en entendant un hennissement de détresse.

Déboulant dans une clairière, il surprend le fameux puma et profitant de l’effet de surprise dont il dispose encore, lui bondit dessus. Le félin réussit à esquiver le Chaman et se retourne vivement, feulant de colère. Zheön se cabre de toute sa hauteur en battant l’air de ses antérieurs. En retombant, il écrase la queue du prédateur, et ce dernier cherche à le lacérer. Le Chaman se cabre de nouveau en hennissant avec force et colère, retombe en envoie une jambette à l’animal en face de lui. Allez savoir si une certaine aura se dégage des Chaman ou si un Dieux est apparu aux yeux du félin, mais ce dernier prend la fuite, crachant de dégoût. Le gris lui donne la chasse sur quelques mètres, pour être certain qu’il n’apparaisse plus, puis va rejoindre l’équidé. Il s’agit de la même petite jument que tout à l’heure. Il s’approche d’elle et plante ses prunelles vertes sur sa personne.

« T’es-tu blessée ? »

Elle sent encore la peur et l’étalon se demande si elle est traquée par le félin depuis longtemps.


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En espérant que cela te plaise ^

« Le passé ne revient pas, il s'abat.  »
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Zheön observe la jument. Elle s’est relevée, mais semble toujours autant effrayée. Le gris s’approche d’elle, pour lui souffler dans les naseaux, geste rassurant. Il relève la tête et observe les alentours, guettant le moindre bruit, attendant la réponse de la jument.

«Je vais bien. Merci … ? »

Tiens, étonnant. Soit elle ne l’a pas reconnu, soit elle ne le connaît pas. D’habitude, tous les chevaux le savent, quand ils ont un Chaman sous les yeux. Mais en sentant son odeur, au milieu de la peur, il identifie une solitaire. Souvent, les Vagabonds n’ont jamais vu un Chaman de leur vie : ils ne connaissent que leurs noms.

« Zheön, je suis Zheön. Es-tu certaine de ne pas avoir mal ? Qui es-tu ? »

Il ne pouvait décemment pas la laisser toute seule comme ça, alors qu’elle semblait en état de choc. Il voulait savoir où est-ce qu’elle avait l’habitude de vivre, si il y avait un autre équidé qui la connaissait et ce qu’il pouvait faire pour l’aider. Hors de question de la laisser toute seule.

Il ne cesse pas de l’observer, alors qu’elle, elle se dérobe et semble se soumettre au gris. Le Chaman secoue l’encolure et ses crins lui fouettent la tête, son bijou tinte, puis il baisse la tête à son tour pour être à sa hauteur. Il continue de la fixer dans les yeux, attendant qu’elle accepte d’établir un certain contact avec lui.

« Tu n’as pas à avoir encore peur. Le puma est partit et je ne te ferais aucun mal. »

Sa voix grave et profonde est calme, posée. Il attend, sans aucune once d’impatience, qu’elle se détende et cesse d’avoir peur. Il se redresse ensuite, la laissant en paix avec elle-même et broute distraitement l’herbe sous leurs pieds. Il lui jette quelques regards de temps à autre, pour être certain qu’elle n’a rien.

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