Exces de puissance (Nyx)

Exces de puissance
Ghenael & Nyx

La dominante de l'île Nord observait "ses" chevaux. L'hiver était là, glacial, aver le vent qui soufflait plain de rage, sur cette île qui devenait légèrement hostile à ceux qui n'y étaient pas habitués. Son poil d'hiver était là, ses longs crins fouettaient son encolure et sa tête avec le vent et la neige se collait sur eux, formant des cubes de glace qui emprisonnaient ses crins. Elle en avait l'habitude maintenant, mais parfois, elle se souvenait avec un sourire de son premier hiver, où elle tentait, naïve, d'éviter la chute des flocons. Avec le temps, elle avait plutôt apprit à dépenser son énergie pour garder sa chaleur.

En observant la plaine, recouverte d'un manteau de neige épais, elle en profitait pour vérifier que tout le monde allait bien. Entre les poulains, qui n’aimaient pas forcément la rudesse de l’hiver, les Anciens qui se plaignaient et les inquiets qui avaient besoin d’être rassurés, Nyx ne lambinait pas et ne refusait jamais le moindre coup de main de la part d’un de ses congénères. L’Hiver était quelque chose de rude ici et il valait mieux avoir quelqu’un sur qui compter en ces temps.

Puis, voyant que tout le monde semblait plutôt bien installé et rassurée de voir ses sentinelles surveiller les alentours, la dominante aux crins blonds fit deux pas en arrière, jeta un dernier coup d’œil à la plaine et tourna les talons pour se sauver au galop, ivre de vitesse et d’espace. Nyx restait une créature libre et sauvage, qui aimait se retrouver seule par moment pour être un peu elle-même, déchargée de ses responsabilités de libre de faire ce qui lui passait par la tête l’espace de quelques minutes.

Elle galopait rapidement, la neige voltigeait derrière elle et la jument s’amusait de ça. Elle était agile et habituée à ce genre de galopades, elle ne craignait pas de tomber et de se faire mal.
Quand elle cessa de courir ainsi, la Dominante se fit prudente : elle était arrivée non loin des falaises. En hiver, il arrivait que des plaques de neige glissent du bord, entrainant dans une chute mortelle les chevaux inattentif au bas des rochers. Elle prit donc son temps, posant un sabot après l’autre, délicatement, calmement. La dominante la connaissait par cœur, cette île qu’elle aimait tant. Ce serait idiot de mourir comme ça, en tombant.

Mais une brusque rafale de vent la fit frissonner et la jument, par reflex, bondit en arrière, loin du bord. Elle faillit trébucher et une fois qu’elle se fut ré-équilibrée, ses yeux se portèrent sur une masse un peu plus loin. Elle s’approcha immédiatement de l’autre cheval, qu’elle reconnu aussitôt : Ghenael, un membre de sa harde.
Elle s'arrêta dans son geste, par obligation, car le vent soufflait si fort que la Dominante le sentait tourbillonner et exercer une forte pression sur elle. Les membres fermement campés dans la neige, la jument patiente, attendit que la bourrasque se taise. Puis, voyant malheureusement que cela ne semblait pas se calmer, elle fit quelques pas vers son congénère et décida de lui attraper une bonne part de sa crinière entre les dents pour le faire reculer. Il n'y voyait plus rien, à cause du vent qui lui soufflait dessus et la dominante ne devait sa vue qu'à son long toupet qui encaissait le vent à la place de ses yeux.

"Faut te tourner ! Dos au vent !" s'époumona-t-elle

Elle lui attrapa ensuite les crins comme elle l'avait décidé, et avait tiré dessus de toutes ses forces pour le contraindre à se tourner, si il ne l'avait pas entendu à cause de ce vent, qui claquait dans les oreilles.